12 semaines.
Oh non, pas le fameux stade si joyeux d’une femme enceinte, non, pas LE moment où on peut se lâcher et annoncer de bonnes nouvelles. Non, 12 semaines d’une gueule de bois.
Pas une liée à un trop plein de fêtes de fin d’année, non, la gueule de bois du réveil PMA.
12 semaines que nous avons décidé de tout arrêter.
Alors, je fais l’écho de ces semaines passées.
Pourquoi la gueule de bois ? Parce que comme un lendemain de fête, on s’est réveillés hagards, sonnés par ces 6 ans pmesques.
Une sensation d’excès, de trop plein. Vous savez, ce moment dans une soirée ou tout bascule, avec ce verre de trop. Ce verre qui rend malade, et qui fait amèrement regretter d’avoir accepté une petite goutte de plus.
On en était la. A ce stade de regret. Enfin moi en tout cas. La der des der, je l’ai faite sans grande conviction, « pour le fun », une sorte de dernier verre pour la route. Le verre si traitre !
Et depuis ? Depuis, je me sens légère, comme soulagée de cette décision ? Libérée, oui.
Cette drôle de sensation, culpabilisante même, m’a fait réfléchir. Pourquoi ? Pourquoi j’ai la sensation d’un coup de respirer, alors que notre décision est tellement dure et pleine de conséquences. Pourquoi je suis soulagée alors que je dois faire le deuil d’un (possible) enfant ? Alors que je devrais être au trente-sixième dessous ?
Je pense qu’en fait, j’avais en quelque sorte perdu la finalité de la PMA.
Au dela de tomber enceinte, le but d’une pmette est bien d’avoir un enfant, on est d’accord ? D’élever un enfant, de vivre au quotidien avec un enfant, de l’intégrer à la famille. Et bêtement, j’avais perdu de vue ce « détail »..Etonnant hein.
Ben pas tant que ça en fait.
Si je retrace mon approche de la maternité cela donne : mère qui n’en est pas vraiment une. Moi ainée d’une trèèèès grande fratrie, qui ait géré les petits tant bien que mal, avec cette frustration de ne pas être à ma place. Ado, je ne me sentais pas une « petite maman ». Je suis partie tôt de chez moi, pour fuir ce rôle qu’on m’avait imposé (entre autres). A l’époque, il ne fallait pas me parler d’avoir des enfants. J’avais élevé mes frangins, j’avais donné pour la cause, je ne serais pas mère.
Puis j’ai rencontré L’HOMME. Celui qui m’a donné envie de fonder un foyer. Enfin l’envie était minuscule, mais quand au premier mois d’essai les règles sont arrivées, j’ai eu mal, très mal. J’ai alors interprété cela comme une VRAIE envie d’enfants, de famille. Les mois suivants ont confirmé cette envie, toujours aussi triste devant mon papier blanc rougi.
Puis sont arrivés les premiers tests qui nous ont confirmé que notre parcours ne serait pas classique. Que l’on aurait besoin d’une aide médicale.
Nous sommes alors rentrés dans le rouleau compresseur de la PMA. Celui qui nous submerge, qui nous fait vivre en apnée. Le roulis constant des montagnes russes, assis dans le wagon du « espoir-désespoir ». Avec cette ultime quête du plus. De la grossesse.
Oui, en fait pendant 6 ans j’ai couru après cette grossesse. Cet état médical qui aurait fait de moi une gagnante. Une femme normale. En tout cas, pas une femme qui selon la sélection génétique est bonne à mourir jeune. J’aurais eu avec ce ticket-grossesse le droit de vivre, tout simplement. Le droit d’être une femme reconnue comme telle dans notre société actuelle, où la démographie est si forte et où une femme doit se reproduire.
Je ne voulais que la grossesse, finalement, rien que la grossesse.
Et je pense que c’est cela qui me soulage. Je me rends compte que non, je ne veux pas être mère, en fait. Je me posais déjà des questions ici à ce sujet il y a quelques mois, mais j’ai enfin ma réponse. Non, je ne veux pas d’un enfant. C’est d’ailleurs surement pour cela que l’adoption ne m’a jamais effleuré.
Cela m’est apparu de façon très claire quand pendant les vacances de Noel, nous avons eu un charmant bambin chez nous quelques jours. Ce petit être, relativement autonome, bien élevé, adorable, a été sous notre responsabilité. Nous l’avons nourri, baigné, écouté, amusé pendant quelques jours. Nous avons vécu de supers moments ensemble, vraiment. Mais j’étais heureuse de rendre cette enfant à ses parents.
Car ces quelques jours n’ont tourné qu’autour d’elle. Mon amoureux et moi n’avons pas été connectés pendant ces jours ci. Pas de moment « freestyle » à gérer notre temps comme il vient. Toujours l’un ou l’autre à surveiller, accompagner, interpeller, nourrir.
Pas toujours d’accord, moi peut être surprotectrice, lui à mon sens trop « cool ». Et ce n’est pas notre enfant ! .. Je me suis dit alors que finalement, le quotidien éducatif aurait été un peu usant, en tout cas conflictuel. Je sais que notre si bel accord à 2, notre complémentarité ne seraient pas sortis indemnes de l’étape « éducation ».
Et je n’avais qu’une hâte, une fois les beaux jours à 3 passés, me retrouver seule avec l’homme que j’aime. Chose impossible ou trop rare lorsqu’on est une famille.
Il m’est alors paru évident qu’un enfant aurait changé ma vie, mais pas forcément dans le bon sens.
Je n’en sais rien finalement, et peut être que cela m’arrange de penser cela, mais en tout cas, je suis vraiment soulagée de ne pas avoir d’enfant.
J’en suis même arrivée à un stade de ma réflexion à me dire que malgré toutes les galères, les sacrifices pour tomber enceinte, si cela m’arrive maintenant naturellement, je ne suis pas sure de vouloir le garder.
Ce constat me fait peur, car quel grand écart quand même entre le « bébé à tout prix » et cette décision. Mais je SAIS maintenant que non, je ne veux pas être mère.
Mais sortie de ces réflexions, le sevrage PMA est quand même compliqué. Je navigue toujours sur vos blogs, pour voir les bonnes (ou moins bonnes) nouvelles, un pied encore dans cet univers qui m’a accompagné si longtemps.
Je reste toujours une pmette qui a un pincement au cœur aux annonces de grossesses.. Je suis toujours meurtrie dans mon corps et dans mon esprit par ces mois d’échecs, les blessures (narcissiques ?) sont toujours la. Mais tout ceci va passer, avec le temps, j’en ai l’intime conviction.
Concernant ce blog… je ne sais quel avenir il aura.
Je le laisse ouvert bien sur, pour des recherches éventuelles, pour des infos toujours bonnes à piocher.
C’est ironique car il ya un an, je me disais qu’il n’y avait que très peu de blog de fin de pma, de l’après. Peu de témoignages de ceux et celles qui sont laissés sur le quai. Mais je comprends. Que dire ?..
Enfin bref, j’étais en PMA